Spoonies

Fibromyalgie ?

J’ai mal, cela depuis plus de quatre ans maintenant. Les douleurs ont graduellement augmenté en intensité et ont progressivement envahi tout mon corps. Ces dernières semaines je dois prendre entre six et huit tramadol/acupan par jour pour fonctionner. Ce qui est particulier avec ces douleurs chroniques, c’est que si quelqu’un me demande où j’ai mal, je réponds que j’ai mal partout. Cela n’existe pas « avoir mal partout ». Ce n’est pas possible. D’autant plus qu’aucun de mes examens médicaux, IRM, scanner, TEP scan, radio, analyses sanguines, biopsie, et cetera, n’explique ces douleurs. Aucune médecin que j’ai pu voir n’a la moindre idée de pourquoi j’ai mal. J’ai mal, peu importe ce que les médecins pensent, de ce que les gens pensent. J’ai mal même si vous me prenez pour une malade imaginaire, même si vous pensez que je suis faible ou que je me plais à me plaindre. Peu importe ce que vous pensez de moi, j’ai mal, c’est mon quotidien.

Sans les anti-douleurs, je ne fonctionnerais pas, je serais irritable, impatiente, incapable de me concentrer, incapable de travailler. La douleur peut prendre le dessus, elle use, elle épuise, elle s’acharne. C’est terrible d’avoir mal, c’est encore plus terrible de ne pas savoir pourquoi, et c’est pire de savoir que les gens, les médecins, ne me croient pas. C’est d’autant plus incroyable que j’ai mal partout. C’est imprécis, c’est indicible, indescriptible, pourtant les médecins attendent que je qualifie la douleur, que je la localise, que je la mesure avec une échelle objective. Je sais que les médecins pratiquent une médecine des faits, des preuves, des signes. Les symptômes ne sont que les paroles de la patiente, mais pas une réalité dans leur raisonnement médical.

Comment continuer à dire aux médecins, que je consulte, que j’ai mal quand je sais que je n’ai aucune preuve, aucun signe, que les analyses, l’imagerie ou l’auscultation sont négatives. Comment dire que j’ai mal quand je ne peux pas qualifier la douleur, que je ne peux pas précisément la localiser, que je ne peux plus la mesurer.

Lorsque les soignantes me demandent où j’ai mal, comment j’ai mal, je réponds tout simplement que j’ai « mal partout », sans plus insister. Je regarde leurs visages, je regarde leurs yeux, et je sais que je passe pour une hypocondriaque. Qui serait assez saine d’esprit pour répondre, sans aucune preuve médicale qu’elle a mal partout. Mal partout, mal partout, mal partout.

« Mal partout », c’est ma preuve. Enfin, j’ai trouvé.