Au fil des rêves
Récemment, j’ai compris pourquoi mes amies pouvaient me voir rire seule. Mes amies me trouvaient bizarre pour un tas de raisons. L’une d’entre elle était que je riais seule alors qu’apparemment, je ne faisais rien. Je n’étais pas en train de discuter, j’étais seule à ne rien faire, et je riais, ainsi, comme si quelqu’une me racontait une blague.
Je savais que j’aimais bien rêvasser, je n’avais pas pris conscience que c’était à ce point. Quand j’étais enfant, je n’écoutais pas en cours, je rêvassais, adolescente, je n’écoutais pas non plus en cours, je rêvassais aussi. L’âge adulte ne fait pas exception. Les cours sont remplacés par les réunions de travail. Je peux partir dans des rêveries alors que je suis en train de discuter avec quelqu’une. Je dois me faire violence pour rester avec vous, je dois me faire violence pour lire un livre, je dois me faire violence pour vous écouter, je dois me faire violence pour me concentrer. Un autre monde m’appelle sans cesse. Mon monde intérieur, un monde parfait, à moi, que je contrôle. Je veux constamment y retourner.
J’essaie de mieux cerner comment il fonctionne, comment je fonctionne lorsque je suis là-bas. Je ne contrôle pas lorsque je pars. Je peux juste lutter contre le fait de partir. Je ne décide pas d’y aller. Lorsque j’en sors, je veux y retourner, et j’essaie de recréer une situation pour que mon esprit y retourne, ce n’est pas toujours évident, puisque je ne contrôle pas le fait d’y aller. Là où j’ai encore une zone grise, c’est de savoir comment je suis lorsque je suis dans ce monde intérieur. J’ai remarqué que je pouvais être en train de ne rien faire ou bien que je pouvais encore faire certaines tâches en étant dans un mode suffisamment automatique. Je n’ai pas de souvenirs du temps réel, de ce qui se passe dans la réalité lorsque je suis là-bas. Je n’ai pas tellement de souvenirs de mon monde intérieur non plus. Ils s’estompent aussi vite que lorsque je me réveille d’un vrai rêve, un rêve que j’ai, lorsque je dors. La différence entre les rêves nocturnes et diurnes, c’est que les rêves diurnes ne sont que positifs et respectent un certain réalisme, il ne se passe que des événements agréables alors qu’un rêve nocturne peut être un cauchemar et il peut être aberrant.
Vous devez bien comprendre que les cours étaient semés de trous temporels pour moi. A l’école primaire, je me faisais souvent gronder, j’étais connue pour rêvasser plutôt qu’écouter. Si vous discutez avec moi à plusieurs occasions, vous pouvez vous rendre compte que je ne retiens pas ce que vous me dites, je ne suis même pas sûre de vous reconnaitre d’une fois sur l’autre. Il est plus que probable que j’étais en train de rêvasser lorsque vous me parliez. Vous pouvez le prendre mal, vous pouvez vous vexer et c’est d’ailleurs ainsi que réagissent les gens avec qui je parle, pourtant, je vous assure, je ne fais pas exprès. Même si je vous apprécie et que je veux vous écouter, mon esprit préfère vagabonder.
Cela se nommerait la rêverie compulsive. Lorsqu’une personne est dans une rêverie compulsive, elle pourrait agir comme si elle était dans son monde imaginaire, dans le monde réel. Raison pour laquelle mes amies pouvaient m’observer rire seule. C’est que je devais rire dans mon rêve éveillé.